Si l’on veut bien observer avec les militaires qu’un
renseignement (résultat de l’exploitation
des informations[1]) est
une information exploitée, le renseignement est une fonction d’exploitation qui
parcourt dans son intégralité un cycle allant du recueil de l’information
utile, à l’orientation des sources ou des capteurs, en passant par la
capitalisation des connaissances et la restitution de savoirs à tous les
acteurs opérationnels qui en ont l’usage. À partir de là, on peut tenter une
définition du renseignement qui permette d’envisager sereinement son extension
au domaine économique sous certaines conditions qu’il est possible de préciser.
« le renseignement, c’est l’information juste, juste à temps, au service d’une action juste »
mardi 23 décembre 2014
Intelligence économique et renseignement d’entreprise
Pour une
politique publique distincte de ses prolongements privés dans l’entreprise et
la considération de leurs liens respectifs avec un renseignement débarrassé de
tous les accessoires de la clandestinité propres aux missions régaliennes de
sécurité nationale
lundi 1 décembre 2014
"Intelligence économique et Renseignement" De quoi parle-t-on ?
La question
peut sembler triviale ou ésotérique selon que l’on redoute une énième
discussion sur le sexe de l’ange "Intelligence" ou une remise en
cause trop conceptuelle d’une discipline dont les applications concrètes
doivent désormais s’imposer. Elle est pourtant fondamentale et parfaitement
légitime.
Elle est
fondamentale, car y répondre, c’est d’emblée lever tous les malentendus qui
handicapent le concept d’intelligence économique et font que ses applications
pratiques peinent parfois à s’imposer.
Elle est
légitime car se la poser, ce n’est pas remettre en cause, loin s’en faut,
l’énorme travail accompli par les pères fondateurs de l’IE et leurs disciples. Se la poser, c’est
simplement constater les difficultés rencontrées par l’IE dans l’entreprise et admettre que celles-ci peuvent être, en partie au moins,
dues à certains malentendus. Se la poser, c’est tenter d’identifier ces
malentendus, qui ne portent pas d’ailleurs à proprement parler sur le concept
d’IE, mais plus fondamentalement sur celui de renseignement.
lundi 8 septembre 2014
Stratégie et renseignement à l’ère de l'information (3/3)
Articles précédents
:
La communication à l’honneur pour la prévention par l’information plutôt que le secret pour l’intervention par le feu
Avec la révolution industrielle, le feu est entré au cœur de toute problématique concernant la sécurité des nations. La puissance de feu devenait alors le facteur stratégique déterminant en matière de politique de défense. Avec la révolution numérique, l’information revient au cœur des problématiques sécuritaires. La maîtrise de l’information remplace la puissance de feu comme facteur stratégique déterminant en matière de politique de sécurité nationale. L’intervention par le feu (l'affrontement armé) cède le pas à la prévention par l’information (le renseignement) et, de la même manière que la mobilité au combat s’est imposée naguère au détriment du retranchement, la communication en matière de renseignement s’impose désormais au détriment du secret.mercredi 20 août 2014
Stratégie et renseignement à l’ère de l'information (2/3)
Article précédent : (1/3) "connaître et anticiper" ?
Et si nos stratèges étaient à nouveau en retard d'une guerre ?
À l'ère industrielle qui
incitait à la mobilité, nous nous sommes retranchés derrière une ligne Maginot
quand il aurait fallu développer les chars de combat, l'aviation et les
sous-marins. À l'ère de l'information qui lui succède et incite à
l'anticipation et au dialogue, nous nous réfugions derrière des monuments de
doctrine aussi peu réalistes que la ligne Maginot, et des paraphrases qui
minimisent l'importance du renseignement quand celui-ci doit adapter ses pratiques
d’exploitation aux technologies numériques. C’est pourtant seulement ainsi que le
renseignement pourra renouer avec sa fonction d’exploitation mise en péril par la surabondance d’information. En même temps que la stratégie renoue avec une tradition préventive un temps confisquée par l'affrontement massif et brutal des puissances, l’exploitation du
renseignement, redevient en effet de facto une
fonction essentielle à laquelle il faudrait consacrer tous nos efforts pour
accompagner sa métamorphose dans un environnement technologique en pleine
mutation.
Et si nos stratèges étaient à nouveau en retard d'une guerre ?
À l'ère industrielle qui incitait à la mobilité, nous nous sommes retranchés derrière une ligne Maginot quand il aurait fallu développer les chars de combat, l'aviation et les sous-marins. À l'ère de l'information qui lui succède et incite à l'anticipation et au dialogue, nous nous réfugions derrière des monuments de doctrine aussi peu réalistes que la ligne Maginot, et des paraphrases qui minimisent l'importance du renseignement quand celui-ci doit adapter ses pratiques d’exploitation aux technologies numériques. C’est pourtant seulement ainsi que le renseignement pourra renouer avec sa fonction d’exploitation mise en péril par la surabondance d’information. En même temps que la stratégie renoue avec une tradition préventive un temps confisquée par l'affrontement massif et brutal des puissances, l’exploitation du renseignement, redevient en effet de facto une fonction essentielle à laquelle il faudrait consacrer tous nos efforts pour accompagner sa métamorphose dans un environnement technologique en pleine mutation.jeudi 31 juillet 2014
Stratégie et renseignement à l'ère de l'information (1/3)
Cet article est le premier d’une série de trois ayant pour ambition d’analyser la dimension stratégique du renseignement à l'ère
de l'information, et l'importance que prend la communication au détriment du
secret, dans un cycle du renseignement nécessairement modernisé et plus attaché à la prévention qu'à l'intervention. L'indispensable adaptation du cycle du renseignement à la maîtrise en temps réel d'une information numérique surabondante, et en particulier de ses modes de capitalisation et de communication, doit pouvoir s'appuyer sur une base théorique solide à laquelle les "sciences de l'information et de la communication" sont à n'en pas douter susceptibles d'apporter le soutien d'une discipline universitaire reconnue.
"connaître et anticiper" ?
Il faut s'étonner de cette paraphrase utilisée dans les deux dernières éditions du Livre blanc sur la sécurité et la défense (2008 et 2013) pour désigner une grande fonction stratégique distinguant en son sein le renseignement, de l’analyse stratégique et de la prospective. C'est là en effet une curieuse formule pour désigner en réalité une fonction qui ressemble à s’y méprendre au renseignement, tant il est vrai que ce dernier tire toute sa substance de l’analyse et de la connaissance qui en procède pour anticiper et éclairer ainsi le "champ de bataille". Cette étrange paraphrase révèle en réalité une vision du renseignement particulièrement réductrice, qui le limite à son seul recueil en environnement hostile et au secret qui s'y attache, et le différencie ainsi de toute activité d’analyse appelant à l'ouverture et aux échanges (la communication) jugés incompatibles avec le secret dont on veut à tout prix l'entourer.vendredi 3 janvier 2014
Une bonne raison d'envisager autrement le cycle du renseignement
Dans un monde "connecté" où l’information circule avec une grande facilité, mais non sans risques, il faut incontestablement disposer d’un modèle théorique solide pour concevoir et formaliser les pratiques de jeu collectif en réseau sûres et les méthodes de travail en équipe rigoureuses adaptées, indispensables à l’efficacité de la fonction renseignement. Si le cycle du renseignement, dans la vision exclusivement organique que nous en donnent tous les bons manuels, est un modèle décrivant avec réalisme l’organisation itérative du travail individuel à l’œuvre dans le fonctionnement d’une cellule de renseignement à l’échelon élémentaire du terrain, son extrapolation à l’échelon central pour modéliser l’organisation d’un système de renseignement est une grossière erreur. La plupart des dysfonctionnements observés dans les systèmes organisés sur ce modèle sont imputables à cette compréhension incomplète d’un cycle qui s’avère en l’état totalement impraticable à l’échelon central.
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