Dans un monde "connecté" où l’information circule avec une grande facilité, mais non sans risques, il faut incontestablement disposer d’un modèle théorique solide pour concevoir et formaliser les pratiques de jeu collectif en réseau sûres et les méthodes de travail en équipe rigoureuses adaptées, indispensables à l’efficacité de la fonction renseignement. Si le cycle du renseignement, dans la vision exclusivement organique que nous en donnent tous les bons manuels, est un modèle décrivant avec réalisme l’organisation itérative du travail individuel à l’œuvre dans le fonctionnement d’une cellule de renseignement à l’échelon élémentaire du terrain, son extrapolation à l’échelon central pour modéliser l’organisation d’un système de renseignement est une grossière erreur. La plupart des dysfonctionnements observés dans les systèmes organisés sur ce modèle sont imputables à cette compréhension incomplète d’un cycle qui s’avère en l’état totalement impraticable à l’échelon central.
La vision organique du cycle du renseignement qui nous est proposée dans tous les documents de doctrine militaire ou dans les travaux universitaires sur le renseignement permet sans aucun doute de modéliser avec réalisme la manière dont s’organise le travail individuel d’une personne confrontée au besoin de se renseigner pour éclairer ses décisions et agir avec discernement. À partir de la fragile lueur d’un besoin qu’elle doit autant que faire se peut anticiper, elle oriente ses recherches, recueille l’information sous toutes les formes qui se présentent à elle, en exploite tous les contenus pour élaborer les renseignements susceptibles d’éclairer ses décisions pour agir, ou de susciter de nouvelles questions pour enclencher ainsi un nouveau cycle. Cette modélisation organique d’un travail individuel peut s’extrapoler à l’échelle d’une unité opérationnelle sur le terrain. Celui-ci s’organise à partir d’un besoin que le chef tente d’exprimer au mieux pour orienter ses hommes qui sont en même temps ses capteurs, afin de recueillir des informations sur son environnement opérationnel qu’il exploite. Il élabore ainsi le renseignement susceptible d’éclairer ses décisions et celles de ses hommes ou de ses chefs, à qui il le diffuse en tant que de besoin, ou encore de lui permettre d’orienter plus précisément une nouvelle recherche et d’enclencher ainsi une nouvelle itération du cycle.
La vision organique du cycle du renseignement qui nous est proposée dans tous les documents de doctrine militaire ou dans les travaux universitaires sur le renseignement permet sans aucun doute de modéliser avec réalisme la manière dont s’organise le travail individuel d’une personne confrontée au besoin de se renseigner pour éclairer ses décisions et agir avec discernement. À partir de la fragile lueur d’un besoin qu’elle doit autant que faire se peut anticiper, elle oriente ses recherches, recueille l’information sous toutes les formes qui se présentent à elle, en exploite tous les contenus pour élaborer les renseignements susceptibles d’éclairer ses décisions pour agir, ou de susciter de nouvelles questions pour enclencher ainsi un nouveau cycle. Cette modélisation organique d’un travail individuel peut s’extrapoler à l’échelle d’une unité opérationnelle sur le terrain. Celui-ci s’organise à partir d’un besoin que le chef tente d’exprimer au mieux pour orienter ses hommes qui sont en même temps ses capteurs, afin de recueillir des informations sur son environnement opérationnel qu’il exploite. Il élabore ainsi le renseignement susceptible d’éclairer ses décisions et celles de ses hommes ou de ses chefs, à qui il le diffuse en tant que de besoin, ou encore de lui permettre d’orienter plus précisément une nouvelle recherche et d’enclencher ainsi une nouvelle itération du cycle.
Une erreur courante, souvent observée, consiste à extrapoler à l’échelon central cette vision
organique, pour organiser des systèmes chargés de centraliser le renseignement.
Ainsi sont conçues des centrales de renseignement dont la direction serait
censée orienter un dispositif de recherche (souvent considéré comme le cœur du système
en raison des difficultés à recueillir du renseignement en milieu hostile), animer
un organe d’exploitation et piloter un centre chargé de la diffusion. Dans un
tel système, l’organisme d’exploitation serait supposé recevoir une information
qu’il n’aurait pas sollicitée pour la transformer en renseignement, dont il devrait
assurer la production sans se préoccuper de sa diffusion. De telles
organisations basées sur une perception du cycle à l’évidence impraticable sont
bien peu adaptées aux réalités de l’exploitation du renseignement, et le
modèle, bien que restant une référence doctrinale incontournable, s’avère assez
unanimement contesté par la plupart des praticiens.
Toute direction (centrale) du renseignement, qu’elle
soit à vocation policière (renseignement intérieur) ou stratégique
(renseignement militaire) pour les États, ou encore à vocation économique (intelligence
économique ou competitive intelligence)
dans les sociétés privées, a pour fonction d’exploiter le renseignement en
provenance de sources variées. Une direction centrale du renseignement est, par
nature, une direction d’exploitation. Si l’on abandonne d’ailleurs la vision
organique que l’on a du cycle au profit d’une vision fonctionnelle, on observe
que le renseignement est une fonction dont le résultat (un renseignement) se
définit comme une information exploitée : c’est par nature, ou par essence, une fonction
d’exploitation. Dans une vision fonctionnelle du renseignement, l’exploitation
est au cœur du cycle qu’elle anime en anticipant le besoin avant qu’il ne se
déclare, pour orienter les sources dont elle dispose et réunir les informations
nécessaires à l’élaboration en temps utile d’un renseignement qu’elle devra
porter en temps voulu à la connaissance de tous ceux qui en ont l’usage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire