mardi 29 juillet 2008

La clé de l'influence à Bruxelles

Vu sur le blog de l'intelligence économique les echos cet intéressant article de Claude Revel (La clé de l’influence à Bruxelles - blogs.lesechos.fr, 23 juillet 2008) qui m'a inspiré le commentaire qui suit.
Bravo pour cette vision claire, limpide et intelligente de ce que vous appelez "l’influence" et de nos faiblesses en la matière. Impliqué depuis longtemps dans les profondes mutations imposées par l’explosion des technologies de l’information dans le domaine du renseignement, j’ai été amené à m’intéresser de près à l’intelligence économique, à son concept si controversé comme à ses pratiques tellement nécessaires. Bien que ne comprenant pas les raisons qui avaient conduit ses concepteurs à présenter l’influence comme un des trois grands domaines de la discipline, j’ai été conduit à m’intéresser (un peu seulement je le confesse) à cette activité. Je dois dire que votre article modifie radicalement la perception que j’en avais à la lecture de la presse généraliste et de certains professionnels (qui n’étaient probablement pas les bons). Ces derniers, influencés sans doute par certains idéologues de l’intelligence économique, développent en effet une vision (et probablement les pratiques qui vont avec) très martiale de l’influence, considérée comme une arme plus ou moins souterraine dans la "guerre économique" qu’ils mettent à toutes les sauces. Bien conscient par ailleurs de l’importance et de la nécessité de ce que vous appelez "activité de réseau", de l’intérêt primordial de peser dans les décisions communautaires ou internationales, et de l’impérieuse nécessité d’un véritable partenariat public-privé dans ce domaine, j’étais néanmoins très pessimiste, dans ces conditions, sur la perspective d’une évolution positive de cette activité. La lecture de votre article m’a rassuré.
Je reste cependant convaincu de la nécessité de marquer une distinction très nette entre intelligence économique (ou renseignement d’entreprise) et influence qui sont deux fonctions totalement différentes aux finalités distinctes, même si elles sont très complémentaires et, votre article m’en fait prendre conscience, par bien des côtés assez comparables (faiblesses, mais également aspects méthodologiques). Je suis d’accord avec vous sur le fait que l’influence est "complètement liée à l’intelligence économique", mais cela n’implique pas pour autant qu’elle s’y intègre ou qu’elle en fasse partie. Le renseignement, source de connaissance et d’anticipation est en effet essentiel pour la pratique de l’influence, mais il l’est également pour la stratégie d’entreprise et, dans d’autres domaines, pour la sécurité nationale, la stratégie militaire, la lutte contre le trafic de drogue ou contre le terrorisme, et bien d’autres activités qui n’en sont pas pour autant des sous-ensembles. De la même manière qu’une source d’énergie est essentielle pour le fonctionnement d’une machine, sans pour autant que la machine soit considérée comme un sous-ensemble de la source d’énergie qu’elle utilise, il n’y a pas de raison de considérer l’influence comme un sous-ensemble de sa source d’information ou de connaissance.
J’ai développé dans plusieurs articles publiés sur Agoravox les raisons qui imposent à mon avis un strict bornage de la fonction intelligence économique à l’exploitation de l’information utile (le renseignement d’entreprise), sans l’étendre à d’autres activités de l’entreprise telles que la stratégie, le management, l’influence, mais également la protection. Comme vous dans le domaine de l’influence, je constate des contresens et des applications désordonnées du concept d’intelligence économique, ainsi que trop souvent ses difficultés à s’imposer. Comme vous, j’attribue ces désordres et ces faiblesses à notre incapacité à mettre en œuvre une véritable "pensée opérationnelle" apte à consolider un socle théorique et méthodologique déficient, tout en restant fermement orientée vers les développements pratiques. Votre article me conforte dans mon diagnostic, en même temps qu’il me console de travailler à une discipline qui n’est pas la seule à connaître ces difficultés.
FB

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