Il y a une vingtaine d'années, en octobre 2002, les Actes du XIIIe Congrès national des sciences de l’information et de la communication organisé par la Société française des sciences de l’information et de la communication (SFSIC), s’interrogeaient sur « la place des SIC dans le paysage scientifique contemporain ». Dans leur présentation, les auteurs notaient « avec intérêt la prise en compte, par une petite minorité d’auteurs, de l’émergence institutionnelle récente des Sciences et techniques de l’information et de la communication », qui ouvrait « un nouveau front de discussion interdisciplinaire, en l’occurrence la promesse d’une articulation inédite entre Sciences de l’ingénieur et SHS ».
Si une telle articulation est "inédite", c'est bien le signe de l'absurdité de notre conception moderne de la science. La technique (technè) est une vertu associée à un mode de production (poïésis), soit l'aboutissement de la démarche scientifique (épistêmê) qui, débute par l'observation (theôría) avec discernement (sophia), puis se poursuit par la pratique (praxis) avec méthode (phronêsis). La science est un processus intellectuel fait de discernement, de méthode, puis de technique, autant de qualités qu'il est impossible de dissocier sans risquer de désarticuler l'ensemble du processus.
C'est cette "désarticulation" de la démarche scientifique séparant les sciences de l'ingénieur des sciences humaines et sociales que dénonçait en son temps le philosophe Michel Serres en craignant qu'il n'y ait plus un jour que « des gens de culture » d'un côté, et « des savants incultes » de l'autre.
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