Verbatim de la vidéo (4'20)
Avant
toute tentative de conception d’un système d’information adapté aux besoins de
tous les métiers appelés à collaborer pour l’accomplissement d’une tâche
commune, il ne semble pas inutile d’observer cette sage recommandation de
Confucius. Afin de fixer un vocabulaire aux multiples usages, il faut en effet
mettre de l’ordre dans les dénominations, en précisant dans un glossaire
univoque les contours de concepts que tous, utilisateurs
comme concepteurs de systèmes d’information,
nous manipulons quotidiennement et dont nous pouvons observer la traduction concrète dans la
réalité. Il faut en
organiser la pratique
et en décrire les techniques, ou les savoir-faire associés,
afin d’en garantir l'efficacité.
Empruntant plus au vaste domaine pluridisciplinaire des sciences humaines et des sciences de l’information et de la communication qu’à celui des mathématiques et de l’informatique, la démarche scientifique que nous suggère l’épistêmê aristotélicienne pour concevoir ces systèmes d’information et de communication, est entièrement décrite dans ce schéma d’une mémoire collective dont nous allons détailler le fonctionnement, à l’usage de communautés opérationnelles en quête de sens partagé, applicable à la décision dans l’action. Tous les concepts impliqués dans la construction du sens y sont récapitulés afin d’assurer au vocabulaire utilisé un emploi adapté à tous les usages observés.
De l’observation des faits, à la création de produits, c’est à la construction du sens dans la mémoire qu’il faut s’intéresser. Le sens, c’est un triptyque :
- les 5 sens + l’intuition, qui font l’observation ou la théorie (theôría), avec discernement ou sagesse (sophia) ;
- le sens de la flèche qui est action, ou pratique (praxis), avec méthode ou prudence (phronesis) ;
- et enfin la signification qui traduit une création ou une production (poïésis), avec habileté technique, art ou façon (technè).
L’épistêmê, chez Aristote, s’applique à la science théorique. Elle est prolongée par la science pratique et la science productive. Le sens, « puissance innée de discernement », est orienté par le besoin, et mû par une intention. Il se construit dans la mémoire, dont il faut envisager 2 aspects distincts, l’implicite et l’explicite :
- La mémoire implicite recueille des données en masse (big data), les transforme en données pertinentes (smart data), puis en données consistantes ou substantielles (thick data), pour présenter dans une documentation des solutions aux problèmes qui se posent à nous.
- La mémoire explicite accueille des données substantielles, qu’elle transforme en connaissances, puis en savoirs explicites, pour délivrer un produit qui est documentaire.
L’endoxe complète ce dispositif pour relancer l’observation, lorsque le produit ne répond pas suffisamment au besoin. C’est elle aussi qui permet le passage de l’implicite à l’explicite lorsque s’exprime une attente formelle. Dans notre mémoire collective, ce sont là 3 grandes fonctions qui interviennent successivement : fonction statistique, fonction cognitive, puis fonction documentaire. Ce sont ces fonctions de trans-formation, de mise en forme, qui font l’in-formation et la communication indispensable à toute activité collective.
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