intelligence
collective et conscience politique, enjeu d’une révolution culturelle et
cognitive
Une pensée politique peut dès lors être élaborée collectivement, tout en demeurant, à l’image de notre pensée ordinaire, « essentiellement pratique et orientée vers l’action ». La « grille conceptuelle ([1]) à travers laquelle elle perçoit les objets » de la réalité reste en effet, « déterminée par la situation qui nous met en relation avec eux et par notre intention envers eux ». Comme notre pensée ordinaire, « en regard de la complexité illimitée de ces objets, cette pensée » collective « est simple » ([2]). Elle procède d’une démarche fonctionnant à l’inverse de la démarche scientifique parfois ardue, en ne recherchant pas comme cette dernière, la cause qui détermine l’effet observé pour l’expliquer, mais bien plutôt l’effet désiré en relation avec la « Cause », qui détermine l’action à entreprendre en lui donnant sens, renouant ainsi avec la racine grecque du mot cybernétique. Elle ne s’oppose pas à la démarche scientifique, mais la complète : pour décider avant d’agir, il faut d’abord connaître la situation à laquelle l’action va s’affronter en expliquant l’enchaînement de relations causales qui l’ont engendré, mais il faut aussi anticiper cette action en cherchant à comprendre les conditions de sa réalisation, en saisir ensemble les différentes facettes, soit embrasser par la pensée tous ses effets possibles.