dimanche 8 janvier 2023

de l’ÉTHIQUE (T8)

Du grec ethos, « manière de vivre », l'éthique est un art de vivre, donc un pilier fondamental de la philosophie. Elle s’intéresse aux interactions entre l’individu et son environnement naturel, en particulier, les autres hommes qui l’entourent. Elle est ainsi étroitement liée aux notions de liberté, de responsabilité, de justice et d’autorité qui sont au cœur de la philosophie politique.

L’éthique est « faite de connaissances et de choix : c’est l’ensemble réfléchi et hiérarchisé de nos désirs »[1]. Afin de ne pas associer à l’éthique des ressentis inconscients qui ne seraient pas réfléchis, je remplacerai dans cette citation le mot « désir » par celui d’« intérêt » qui est un « désir réfléchi ». Le mot « désir » est en effet utilisé ici, au sens d’Aristote, désignant une sorte de volonté portée par l’appétit, le courage, l’amour ou l’espérance, seule force motrice animant nos actions, qui pointe vers la satisfaction d’une cause ultime ou de ses effets ressentis comme bénéfiques. La bonne compréhension d’un désir réfléchi, soit de tout ce qui peut m’être utile ou bénéfique, donc de mon intérêt, passe par la nécessité de connaître l’autre. Chez Aristote, éthique et politique sont étroitement liées. L’éthique s’applique à l'individu considéré comme un citoyen libre, tandis que la politique s’applique à la cité, au législateur ou à ses administrateurs.

Pour faire la synthèse de ce qui précède, on peut dire de l’éthique qu’elle est un ensemble réfléchi et hiérarchisé de nos intérêts, fait de connaissances et de choix, qui doit être à l’individu ce que la politique peut être au collectif : une conscience aigüe de l’impérieuse nécessité de compter avec l’autre.

Compter avec les autres, c’est accepter leurs différences et leurs défauts. Leur compréhension, qu’il ne faut pas confondre avec l’approbation de leurs implications en particulier lorsque celles-ci semblent incompatibles avec l’intérêt général, est la base incontournable de tout échange, de toute relation ou de toute négociation à l’échelle collective, nationale ou internationale, qui est celle de la politique. Elle doit être, de la même manière, une base incontournable de toute relation à l’échelle individuelle, familiale, associative ou professionnelle, qui est celle de l’éthique.

C’est cette conscience aigüe de l’autre avec lequel on doit compter, qui fait toute la valeur de l’éthique et sa grande force, en indiquant le véritable sens qu’il faut donner à la science, au travail de la mémoire et donc à l’intelligence.



[1]     André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique, PUF, 2001, p. 219 (entrée ÉTHIQUE).



 

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