mercredi 15 avril 2020

Faire parler ses données, en exploiter le sens, pour donner du sens à l’action (1/7)

Dans le cadre d’une réunion de travail animée par des spécialistes de l’organisation des data et de l’architecture des systèmes d’information dans l’entreprise, j’ai réalisé, à partir d’une présentation PowerPoint, une petite vidéo de 20 minutes disponible ici. Pour une lecture plus progressive, je l'ai scindée en 7 parties dont le verbatim sera posté dans les 7 envois qui suivent. Mon intervention se plaçait dans le cadre d’une réflexion sur la transformation numérique en entreprise et les « cloisons de verre » entre différentes expertises (experts métiers, experts systèmes et experts scientifiques) qui freinent cette transformation.

Sens, data, mémoire collective implicite et explicite

Exploiter le sens de ses données, c'est expliquer l'objet de ses observations, c'est-à-dire ramener la complexité du visible à de l'invisible simple. C’est, en matière de résilience, un atout majeur pour l’entreprise, qui met celle-ci en capacité de comprendre la complexité de son environnement pour penser la crise. Le problème pour la collectivité entrepreneuriale n’est pas tant la quantité des données collectées que l'organisation des connaissances acquises. Le Système d’Information et de Communication de l’entreprise repose sur l’organisation des connaissances dans une mémoire collective conçue pour acquérir puis capitaliser dynamiquement (information) des connaissances et partager (communication) les savoirs utiles à la décision dans l’action de tous les acteurs opérationnels.



Tout commence pour moi, par cette flèche du sens qui, partant de l’observation des faits (la réalité), aboutit à la production d’actes (proposition, jugement, décision en vue de l’action). Elle passe par une mise en forme (in-formation) qui se réalise dans une mémoire trans-formant, des big data en smart data, puis en thick data, si on adopte le vocabulaire des spécialistes du langage numérique, ou bien des données en connaissances, puis en savoirs, si on adopte celui des spécialistes du discours analogique. Je préfère, pour ma part, on verra pourquoi plus loin, éviter les data dont je mesure l’importance, mais dont je ne suis pas spécialiste.
Cette représentation schématique du fonctionnement de la mémoire, c’est tout l’enseignement de l’épistêmê d’Aristote dont je voudrais vous faire partager l’immense portée qui va bien au-delà du simple fonctionnement de notre mémoire individuelle (la fonction cognitive explicite dont traite la Logique d’Aristote). Une telle représentation de la connaissance à l’œuvre dans nos mémoires explicites, peut en effet nous aider à concevoir, sur le même modèle, qui est aussi celui du fonctionnement naturel de nos mémoires implicites, de véritables systèmes d’information adaptés, aussi bien au traitement des data, qu’à celui des connaissances et du savoir. L’objectif de tels systèmes serait de permettre le fonctionnement de mémoires partagées pour l’exercice de différentes formes d’intelligence collective au service de différentes « maisons communes » (ou écosystèmes), dans toutes sortes de fonctions, stratégique, économique, scientifique, voire même politique au sens d’Aristote qui associe politique et éthique.


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