Dans le cadre d’une réunion de
travail animée par des spécialistes de l’organisation des data et de l’architecture
des systèmes d’information dans l’entreprise, j’ai réalisé, à partir d’une
présentation PowerPoint, une petite vidéo de 20 minutes disponible ici. Pour une lecture plus progressive, je l'ai scindée en 7 parties dont le verbatim sera posté dans les 7 envois qui suivent. Mon intervention se plaçait dans le cadre d’une réflexion sur
la transformation numérique en entreprise et les « cloisons de
verre » entre différentes expertises (experts métiers, experts systèmes et
experts scientifiques) qui freinent cette transformation.
Sens, data, mémoire collective implicite et explicite
Exploiter le sens de ses
données, c'est expliquer l'objet de ses observations, c'est-à-dire ramener la
complexité du visible à de l'invisible simple. C’est, en matière de résilience,
un atout majeur pour l’entreprise, qui met celle-ci en capacité de comprendre
la complexité de son environnement pour penser la crise. Le problème pour la
collectivité entrepreneuriale n’est pas tant la quantité des données collectées
que l'organisation des connaissances acquises. Le Système d’Information et de
Communication de l’entreprise repose sur l’organisation des connaissances dans
une mémoire collective conçue pour acquérir puis capitaliser dynamiquement
(information) des connaissances et partager (communication) les savoirs utiles
à la décision dans l’action de tous les acteurs opérationnels.
Tout commence pour moi, par cette flèche du sens qui,
partant de l’observation des faits (la réalité), aboutit à la production
d’actes (proposition, jugement, décision en vue de l’action). Elle passe par
une mise en forme (in-formation) qui se réalise dans une mémoire trans-formant,
des
big data en
smart data, puis en
thick data, si on
adopte le vocabulaire des spécialistes du langage numérique, ou bien des données
en connaissances, puis en savoirs, si on adopte celui des spécialistes du
discours analogique. Je préfère, pour ma part, on verra pourquoi plus loin,
éviter les
data dont je mesure l’importance, mais dont je ne suis pas
spécialiste.
Cette représentation schématique du fonctionnement de la
mémoire, c’est tout l’enseignement de l’épistêmê d’Aristote dont je
voudrais vous faire partager l’immense portée qui va bien au-delà du simple
fonctionnement de notre mémoire individuelle (la fonction cognitive explicite
dont traite la Logique d’Aristote). Une telle représentation de la connaissance
à l’œuvre dans nos mémoires explicites, peut en effet nous aider à concevoir,
sur le même modèle, qui est aussi celui du fonctionnement naturel de nos
mémoires implicites, de véritables systèmes d’information adaptés, aussi bien
au traitement des data, qu’à celui des connaissances et du savoir.
L’objectif de tels systèmes serait de permettre le fonctionnement de mémoires
partagées pour l’exercice de différentes formes d’intelligence collective au
service de différentes « maisons communes » (ou écosystèmes), dans
toutes sortes de fonctions, stratégique, économique, scientifique, voire même
politique au sens d’Aristote qui associe politique et éthique.
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