La documentation à l’honneur, pour un langage documentaire « rationnel et normalisé » à l’échelle des communautés d’usage
Alors, oui, et à contre-courant de cette tendance
dominante qui nous fait focaliser sur la transformation numérique de nos
sociétés, je revendique la nécessité de prendre en compte cette transformation
dans le cadre d’une mutation beaucoup plus large, qui est à l’œuvre depuis plus
d’un siècle avec les progrès de l’électronique au service de la fonction
documentaire.
Je vous laisse méditer à cette fin ces prédictions
émanant de deux des plus grands spécialistes de la documentation du siècle
précédent, appelant, pour le premier, à l’avènement d’une science de la
documentation dans le prolongement de la Logique d’Aristote, et pour le second,
à l’invention d’un « langage documentaire » qui s’inspire des grandes
classifications comme du fonctionnement de nos langues naturelles.
Le système d’information doit donc s’appuyer sur la mise
en œuvre d’un langage documentaire, accessible et pratiqué par tous au sein de
la communauté à qui il s’adresse. Celle-ci peut alors se rassembler pour
communiquer et agir collectivement comme un peuple se rassemble autour de sa
langue (le verbe), « instrument collectif de l’expression de la
Pensée ». Données et connaissances explicites, Data hub et
documentation, intelligence artificielle et intelligence collective doivent
pouvoir y cohabiter sans cloisons de verre. Cette cohabitation doit pouvoir
s’appuyer sur une méthode scientifique d’élaboration et de développement de
cette intelligence collective, qui passe selon moi par une planification
dynamique de l’activité documentaire du groupe. Une telle méthode peut suivre à
cette fin les grands principes d’élaboration d’une mémoire documentaire
partagée, que j’ai pratiqué pendant de longues années de manière opérationnelle
et théorisé dans un travail de thèse récent. La mémoire collective y est
organisée selon une logique naturelle puissante qui permet la maîtrise par tous
d’un langage documentaire commun, en s’inspirant de la hiérarchie naturelle de
nos sens et du fonctionnement analogique de notre pensée, permettant ainsi à
tout un chacun d’accéder à ce langage commun, aussi facilement qu’un enfant de
3 ans accède à sa langue maternelle.
Je vous remercie de votre attention
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