vendredi 20 janvier 2017

Le 21ème siècle devra être "électronique" plutôt que seulement "numérique" comme il semble en prendre malheureusement la voie


À l’occasion de la 19ème édition du Colloque international sur le Document Électronique (CiDE.19) « Vers une épistémè numérique ? » à Athènes les 24 et 25 novembre 2016, j’ai présenté une communication intitulée Aristote et l’épistémè numérique : une affaire de sens. Le concept d’épistémè déterminant la thématique du colloque était emprunté à Michel Foucault qui l’a illustré dans Les mots et les choses, par trois moments d’un renouveau intellectuel et artistique en Occident initié par la Renaissance avec l’invention de l’imprimerie, suivie de la période classique avec ses académies, puis de l’époque moderne dont la traduction conceptuelle encore un peu floue pourrait bien évoluer, selon son auteur, vers une disparition de l’homme qui « s’effacerait, comme à la limite de la mer un visage de sable » (Michel Foucault, Les mots et les choses, Gallimard, Paris,1966). Cette période moderne pourrait aussi être en train d’évoluer, comme le suggèrent les organisateurs du colloque, vers une mutation numérique, dont on peut observer aujourd’hui les conséquences pour le document, et sur laquelle ils interrogeaient les intervenants. Je m'interroge, pour ma part, sur la pertinence de cette notion de "numérique" qui devrait selon moi céder la place à celle d' "électronique".

dimanche 27 mars 2016

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (IA) OU IDIOTIE SAVANTE (IS) ?

"Même un robot peut devenir raciste et antisémite"
 
« Tay, l'intelligence artificielle lancée hier par Microsoft sur Twitter, a été "débranchée" : elle était devenue raciste en moins de 24 heures ». À méditer, ces quelques extraits d’un article de Judikael Hirel (Même un robot peut devenir raciste et antisémite), publié par Le Point.fr le 25/03/2016

mardi 23 décembre 2014

Intelligence économique et renseignement d’entreprise

Pour une politique publique distincte de ses prolongements privés dans l’entreprise et la considération de leurs liens respectifs avec un renseignement débarrassé de tous les accessoires de la clandestinité propres aux missions régaliennes de sécurité nationale

Si l’on veut bien observer avec les militaires qu’un renseignement (résultat de l’exploitation des informations[1]) est une information exploitée, le renseignement est une fonction d’exploitation qui parcourt dans son intégralité un cycle allant du recueil de l’information utile, à l’orientation des sources ou des capteurs, en passant par la capitalisation des connaissances et la restitution de savoirs à tous les acteurs opérationnels qui en ont l’usage. À partir de là, on peut tenter une définition du renseignement qui permette d’envisager sereinement son extension au domaine économique sous certaines conditions qu’il est possible de préciser.

lundi 1 décembre 2014

"Intelligence économique et Renseignement" De quoi parle-t-on ?


La question peut sembler triviale ou ésotérique selon que l’on redoute une énième discussion sur le sexe de l’ange "Intelligence" ou une remise en cause trop conceptuelle d’une discipline dont les applications concrètes doivent désormais s’imposer. Elle est pourtant fondamentale et parfaitement légitime.
Elle est fondamentale, car y répondre, c’est d’emblée lever tous les malentendus qui handicapent le concept d’intelligence économique et font que ses applications pratiques peinent parfois à s’imposer.
Elle est légitime car se la poser, ce n’est pas remettre en cause, loin s’en faut, l’énorme travail accompli par les pères fondateurs de l’IE et leurs disciples. Se la poser, c’est simplement constater les difficultés rencontrées par l’IE dans l’entreprise et admettre que celles-ci peuvent être, en partie au moins, dues à certains malentendus. Se la poser, c’est tenter d’identifier ces malentendus, qui ne portent pas d’ailleurs à proprement parler sur le concept d’IE, mais plus fondamentalement sur celui de renseignement.

lundi 8 septembre 2014

Stratégie et renseignement à l’ère de l'information (3/3)

Articles précédents :

La communication à l’honneur pour la prévention par l’information plutôt que le secret pour l’intervention par le feu

Avec la révolution industrielle, le feu est entré au cœur de toute problématique concernant la sécurité des nations. La puissance de feu devenait alors le facteur stratégique déterminant en matière de politique de défense. Avec la révolution numérique, l’information revient au cœur des problématiques sécuritaires. La maîtrise de l’information remplace la puissance de feu comme facteur stratégique déterminant en matière de politique de sécurité nationale. L’intervention par le feu (l'affrontement armé) cède le pas à la prévention par l’information (le renseignement) et, de la même manière que la mobilité au combat s’est imposée naguère au détriment du retranchement, la communication en matière de renseignement s’impose désormais au détriment du secret.

mercredi 20 août 2014

Stratégie et renseignement à l’ère de l'information (2/3)

Article précédent :  (1/3) "connaître et anticiper" ?


Et si nos stratèges étaient à nouveau en retard d'une guerre ?

À l'ère industrielle qui incitait à la mobilité, nous nous sommes retranchés derrière une ligne Maginot quand il aurait fallu développer les chars de combat, l'aviation et les sous-marins. À l'ère de l'information qui lui succède et incite à l'anticipation et au dialogue, nous nous réfugions derrière des monuments de doctrine aussi peu réalistes que la ligne Maginot, et des paraphrases qui minimisent l'importance du renseignement quand celui-ci doit adapter ses pratiques d’exploitation aux technologies numériques. C’est pourtant seulement ainsi que le renseignement pourra renouer avec sa fonction d’exploitation mise en péril par la surabondance d’information. En même temps que la stratégie renoue avec une tradition préventive un temps confisquée par l'affrontement massif et brutal des puissances, l’exploitation du renseignement, redevient en effet de facto une fonction essentielle à laquelle il faudrait consacrer tous nos efforts pour accompagner sa métamorphose dans un environnement technologique en pleine mutation.

jeudi 31 juillet 2014

Stratégie et renseignement à l'ère de l'information (1/3)



Cet article est le premier d’une série de trois ayant pour ambition d’analyser la dimension stratégique du renseignement à l'ère de l'information, et l'importance que prend la communication au détriment du secret, dans un cycle du renseignement nécessairement modernisé et plus attaché à la prévention qu'à l'intervention. L'indispensable adaptation du cycle du renseignement à la maîtrise en temps réel d'une information numérique surabondante, et en particulier de ses modes de capitalisation et de communication, doit pouvoir s'appuyer sur une base théorique solide à laquelle les "sciences de l'information et de la communication" sont à n'en pas douter susceptibles d'apporter le soutien d'une discipline universitaire reconnue.


"connaître et anticiper" ?

Il faut s'étonner de cette paraphrase utilisée dans les deux dernières éditions du Livre blanc sur la sécurité et la défense (2008 et 2013) pour désigner une grande fonction stratégique distinguant en son sein le renseignement, de l’analyse stratégique et de la prospective. C'est là en effet une curieuse formule pour désigner en réalité une fonction qui ressemble à s’y méprendre au renseignement, tant il est vrai que ce dernier tire toute sa substance de l’analyse et de la connaissance qui en procède pour anticiper et éclairer ainsi le "champ de bataille". Cette étrange paraphrase révèle en réalité une vision du renseignement particulièrement réductrice, qui le limite à son seul recueil en environnement hostile et au secret qui s'y attache, et le différencie ainsi de toute activité d’analyse appelant à l'ouverture et aux échanges (la communication) jugés incompatibles avec le secret dont on veut à tout prix l'entourer.