lundi 18 mars 2013

Des flux d'informations difficilement maîtrisables


Dans une série de quatre articles publiés par LaTribune.fr, Michel Cabirol s’appuie sur les auditions des cinq grands patrons des services de renseignement, lors de leur passage en 2013 devant la commission de la défense de l'Assemblée nationale, pour faire un survol assez complet de l’évolution récente des services de renseignements français. Parmi les difficultés qui demeurent et les insuffisances capacitaires identifiées, la maîtrise de plus en plus difficile des flux d’informations semble être un "véritable enjeu" "pour lequel tout est à construire" selon les propres termes du directeur de la DGSE. Pourtant, ce ne sont pas tant les flux d’informations qui sont difficiles à maîtriser, mais bien les connaissances engendrées par ces flux qui sont difficiles à organiser afin de les rendre accessibles à tous ceux qui en ont besoin pour en extraire les savoirs utiles à l’action.

samedi 15 décembre 2012

"Connaître et anticiper" : une fonction stratégique centrale enfin reconnue, mais un concept ancien menacé d'obsolescence

Au moment où le Livre blanc s’apprête à confirmer la fonction Connaissance et anticipation dans sa dimension stratégique, le rôle central du renseignement et l'importance de sa fonction d'exploitation méritent d’être soulignés. En effet, l’organisation des connaissances, condition sine qua non de la pertinence du renseignement et de l’anticipation stratégique, devient un enjeu majeur pour des services submergés par des flots d’information éphémères et concurrencés en permanence par des médias à l’affût de sensationnel et contraints à l’instantanéité.

lundi 30 juillet 2012

Informatique ou numérique, peut-on faire fi de l'étymologie ? (2/2)


"Le numérique" (entendre : "les technologies fondées sur le calcul numérique") est une manière de représenter le monde qui emprunte à la nature son mode d'écriture (une technique). L'informatique en est l'outil et l'informatisation, un phénomène dont les aspects anthropologiques sont particulièrement importants à prendre en compte. Les profondes mutations anthropologiques induites par l’émergence des technologies fondées sur le calcul numérique, conduisent à appliquer l’adjectif numérique à tout un ensemble d’objets dont le périmètre est aussi vaste que la révolution (numérique) à l’œuvre dans nos sociétés.

Faut-il pour autant détourner le sens du mot numérique en prenant le contre-pied de son étymologie, pour lui faire désigner l'ensemble des phénomènes anthropologiques que suscite l'informatisation ? À la lumière de ce qui précède (partie 1/2), ce serait à mon sens une faute, certes bénigne, mais bien inutile.

Informatique ou numérique, peut-on faire fi de l'étymologie ? (1/2)


L’étymologie nous conte l’histoire des mots qui est celle de la pensée. Elle donne au mot toute sa profondeur qui le fait peser d’un poids dont l’usage courant ne peut se défaire. La révolution numérique en cours que certains préfèreraient nommer "révolution informatique" est un phénomène anthropologique que l’adjectif informatique, alliage improbable de l’information avec l’automate, ne peut représenter sans risques. Le poids étymologique du terme numérique que l’usage courant n’a pas ignoré donne en revanche toute sa profondeur à cette troisième révolution anthropologique déclenchée par l’invention de l’ordinateur, après celles de l’écriture, puis de l’imprimerie.

J’aime les mots et leur histoire.

mardi 30 août 2011

L’information ! C’est une chose trop grave pour être confiée aux informaticiens

Numérisation ou informatisation, l’informatique est-elle ringarde ?

Le titre de cet article, plagiant la formule célèbre de Clémenceau à propos de la guerre et des militaires qui la font, m’est venu à l’esprit à la suite d’un débat entamé il ya plusieurs mois avec Michel Volle sur son blog consacré aux travaux qu’il mène sur les systèmes d'information et les questions d'organisation et d'efficacité qui leur sont associées. Michel Volle voit dans la mode du numérique à toutes les sauces, une certaine forme de ringardisation de l’informatique et des informaticiens, et plaide pour une conception de l’informatique dépassant très largement son cadre purement technique dans lequel semblent vouloir la cantonner les adeptes du numérique. Pour ma part, je déplore comme lui l’absence d’une véritable discipline susceptible d’organiser la prolifération de techniques associées aux technologies numériques et aux développements d’automates, mais notre vision quasi-technicienne de la science moderne ne me semble pas de nature à permettre d’y remédier en se cantonnant à la notion scientifique d’information que le 20ème siècle nous a léguée. Je vois là un enjeu scientifique d’une ampleur telle que le concept d’informatique associant l'information à des automatismes me semble gravement inadéquat, même étendu, au-delà de l’utilisation industrielle des technologies numériques, à l’association de l’être humain et de l’automate. Confier l’information aux informaticiens, comme confier la guerre aux militaires, c’est prendre ses moyens pour des fins. La sagesse, vertu que les scientifiques devraient vénérer comme d'authentiques philosophes, n’y trouve pas son compte. Sans elle pourtant, toute discipline, comme toute technique sans théorie ou comme science sans conscience, ne serait que ruine de l’âme.

jeudi 4 août 2011

Veille ou IES ?

Je lis souvent dans les propos de tel ou tel spécialiste de l'intelligence économique et stratégique (IES), qu'il faut « passer de la veille (posture d’observation) à l’Intelligence économique et Stratégique (démarche d’action et de conquête) ». C’est là, à mon avis, un des pêchés originels de l’IE lorsqu'elle se transforme en IES, oubliant au "passage" la veille, pour s’intéresser plus à la stratégie d’entreprise, le business (planification et mise en œuvre de l’action pour la conquête des marchés). 

mardi 31 mai 2011

Information et renseignement

Tandis que le concept de renseignement d'entreprise reste lettre morte, il semble qu'une définition unique de l'intelligence économique a toujours beaucoup de mal à s'imposer. Peut-être doit-on rechercher la cause de ces difficultés dans la perception un peu floue que l'on a de la notion de renseignement. Celle-ci reste en effet la plupart du temps cantonnée au domaine de la sécurité et souvent confondue avec l'espionnage, sans être distinguée clairement de l'information à laquelle elle est néanmoins inextricablement liée. S'il semble important de bien comprendre ce qui distingue le renseignement de l'information pour mieux prendre en compte ses spécificités, il n'en est pas moins nécessaire de réaliser qu'on ne peut prétendre exploiter l'un sans maîtriser l'autre.