jeudi 3 novembre 2022

Information, communication et documentation : une intelligence collective au service de la Politique (20)

Petit glossaire insolite de l’infocom au service des artisans d’une intelligence collective de documentation à usage politique  

  République

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Cette "chose" (res) publique, que le latin populaire a confondu avec la "cause" (causa) se situe au cœur du travail de la raison.

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    La République ou Chose publique (Res publica) représentée par l’État, c’est le lieu où se réalise cette alliance si fragile mais tellement vitale pour la démocratie, entre la confiance collective des individus, les citoyens, sujets de la République, et la responsabilité individuelle de tous, simples citoyens ou gouvernants. Ces derniers, qui exercent l’autorité par délégation du peuple souverain, sont également sujets de la République. L’État souverain leur délègue ainsi son autorité sur le collectif pour que règne « l’Intérêt Général »[1]. Les citoyens comme les gouvernements et les administrations y sont à la fois sujets de l’État souverain (la République) au service de l’Intérêt Général, et sujets au sens de la grammaire, personnes physiques ou morales, individus ou groupes d’individus constitués en unités, qui portent leur action sur le collectif objet d’Intérêt Général et en assument individuellement la responsabilité. 

(retour à l'entrée précédente)

 

    La République est une "chose" un peu "hors-sol" en ce sens qu’elle n’est ni un objet, ni un sujet. Comme le collectif, elle est dépourvue de personnalité, ce qui la distingue d’un sujet. Elle n’est pas non plus un objet ordinaire au regard de l’action, qui n’est objet que pour un sujet faisant l’action auquel il est soumis. L’étymologie du mot « chose » le rattache à la cause qui, dans un latin populaire de la fin de l’empire romain, était le sens donné à res. Devenant publique, elle est cette Cause souveraine élevée au rang de Valeur, garante de l’Intérêt Général. Elle est associée à la raison, légitimant ainsi l’action exercée par le sujet sur l’objet d’Intérêt Général, en lui donnant tout son sens. Cette "chose" (res) publique, que le latin populaire a confondu avec la "cause" (causa) se situe au cœur du travail de la raison. L’action du sujet y est en effet orientée par la Raison, Cause publique qui est Intérêt Général et donne tout son sens à la phrase politique. L’objet qui est collectif en est le complément républicain. Il est confié au sujet par cette Cause publique qui est souveraine. Celui-ci y exerce par délégation, son autorité en toute responsabilité individuelle sanctionnée par la satisfaction de l’Intérêt Général qui conditionne la confiance collective.[2]

(à suivre...)

[1]   Si on s’interroge sur le périmètre qu’il faut donner à cette notion d’Intérêt Général, en dépassant le cadre désormais trop étriqué de l’État-nation, qui reste malgré tout le seul encore adapté à l’exercice de l’autorité et de la souveraineté, malgré une globalisation aussi inexorable qu’impétueuse du monde, on peut utilement méditer cette pensée de Montesquieu : « Si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose d'utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l'oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l'Europe, ou bien qui fût utile à l'Europe et préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime » (Pensées, n° 741).

[2]   Cf. Francis Beau. Une nouvelle grammaire cybernétique au service de la politique. Tribune, Cercle K2, 25/10/2021


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