lundi 24 octobre 2022

Information, communication et documentation : une intelligence collective au service de la Politique (13)

Petit glossaire insolite de l’infocom au service des artisans d’une  intelligence collective de documentation à usage politique  

RAISON

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La raison ne se situe pas à l’origine de l’action, comme le désir qui l’enclenche et la volonté qui l’anime, mais en constitue une sorte de légitimation qui la motive ou la cause, en en désignant l’objectif et en lui donnant ainsi tout son sens.

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    La raison, et la pensée qui la porte, c’est le prolongement du rationnel et du calcul qui le traite. Ratio, en latin, c’est d’abord le calcul. Est rationnel, en tout premier lieu, ce qui relève d’un rapport arithmétique. Par extension, le terme s’est élargi pour caractériser ce qui relève d’une relation mathématique. Allant néanmoins bien au-delà de cette relation que l’étymologie nous suggère et qui s’applique en premier lieu au domaine numérique du calcul, la raison, quant à elle, serait plutôt ce qui relève d’une relation de cause à effet, s’appliquant au domaine analogique de la pensée

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    Synonyme de cause ou de motif que l’on retrouve en première place dans les traductions de l’anglais reason, son sens s’étend en effet à une faculté de penser cette relation de cause à effet caractéristique de toute activité intellectuelle ou consciente. La raison est donc indissociable de cette notion de cause associée à l’idée d’analogie que Thomas d’Aquin, à la suite d’Aristote, assimile à une identité de relation, inspirée de l’égalité de proportion mathématique. L’analogie, selon lui, permet ainsi de formuler par inférence, un jugement sur les objets qui s’offrent à la connaissance, pour établir un savoir[1].

    La raison ne se situe pas à l’origine de l’action, comme le désir qui l’enclenche et la volonté qui l’anime, mais en constitue une sorte de légitimation qui la motive ou la cause, en en désignant l’objectif et en lui donnant ainsi tout son sens. C’est en quelque sorte, une objectivité qui légitime la subjectivité inhérente à toute action, et fonde le savoir[2].

    La raison est au cœur de la révolution de l’information qui bouleverse nos repères traditionnels, de nos modes de travail, jusqu’à nos rapports sociaux. L’épicentre de cette révolution se situe sur un terrain désormais connu sous le nom de cyberespace, soumis à d’incessantes répliques sous forme d’innovations technologiques foisonnantes, sans véritables avancées méthodologiques permettant de rétablir ce lien politique si essentiel entre le collectif et l’individu.

    La raison, c’est encore, le fonctionnement de l’esprit ou de la pensée, soit du noos grec qui plonge ses racines dans l’antiquité, notamment chez Platon puis Aristote. Théorisé beaucoup plus tard par Teilhard de Chardin, avec l’idée de noosphère s’élevant au-dessus de la biosphère, puis encore plus récemment et dans un tout autre domaine, au tournant du millénaire, par le Pentagone américain, avec le concept de noopolitique se plaçant au-dessus de la géopolitique, le noos est en effet une émanation de l’unité ou de l’individu, embrassant dans un même regard information, savoir et connaissance, unis par la pensée, l’esprit ou la raison[3].

    Mais la raison, c’est aussi le logos grec, souvent traduit par le mot « discours ». De la donnée au savoir, l’information et la communication qui la porte et la révèle en l’exprimant, sont dès lors deux concepts inséparables permettant de décrire les grandes fonctions de l’intelligence et de la raison ou du discours qui la structure. Si leurs reflets changeants au gré des besoins théoriques en font des « caméléons », leur association en France au sein d’une même discipline scientifique nous oblige à une certaine rigueur dans les définitions afin de pouvoir élaborer les outils méthodologiques indispensables à une véritable pratique scientifique et à ses applications. Dès lors que l’on s’intéresse à une intelligence et à une mémoire dites collectives, c’est-à-dire à un système cognitif traitant de l’information, et compte tenu du caractère protéiforme de ce concept, il semble utile d’en distinguer l’acception qui désigne la fonction éminente de ce fameux système d’information et de communication et fonde l’intelligence collective. Il nous faudra pour cela adopter un néologisme permettant d’exprimer ce « tressage inextricable » entre l’information et la communication si bien observé par Sylvie Leleu-Merviel[4]. Ce n’est pas l’information seule dans le système qui fonde l’intelligence collective, mais bien l’information et la communication, dont le fusionnement conceptuel s’exprime par l’abrégé « infocom ».

(à suivre...)



[2]   Cf. F.B. Une nouvelle grammaire cybernétique au service de la politique. Tribune, Cercle K2, 25/10/2021

[3]   Cf. F.B. Ibid.

[4]   Sylvie Leleu-Merviel. La traque informationnelle, Volume 1. ISTE éditions, p. 13. 2017.

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