mercredi 23 novembre 2022

Information, communication et documentation : une intelligence collective au service de la Politique (25)

Petit glossaire insolite de l’infocom au service des artisans d’une intelligence collective de documentation à usage politique  

    conclusion

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Les mots sont par nature ambigus, et méritent ainsi d’être définis avec précision avant tout usage scientifique, comme ils le sont en mathématiques avant toute proposition ou énoncé de théorème.

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    Les mots sont comme des peaux sensibles enveloppant les idées que l’on se fait des objets de la réalité, afin de pouvoir s’en saisir pour interagir avec eux dans toutes les dimensions de l’espace et du temps, passé et futur. Portés par une langue, mis en forme (information) et organisés par une grammaire, ils permettent en effet au verbe (logos) d’exercer sa fonction de raison qui structure la pensée, en remontant le temps pour resusciter le passé, ou en se projetant dans l’avenir pour concevoir des futurs possibles. Affranchissant ainsi l'homme de son ancrage temporel qui l’emprisonne physiquement dans le présent, les mots portés par la langue lui permettent de voyager dans le temps en mémorisant le passé que la pensée ressuscite, et en se projetant dans un avenir qu’elle imagine pour décider en conscience et agir. Ce sont les artisans de la mémoire qui façonnent l’intelligence.         

        Par extension, les documents, à l’image des mots qu’ils transportent, permettent à la raison (extension du logos exprimant la fonction du verbe) de structurer une pensée collégiale en remontant le temps pour témoigner du passé ou en anticipant l’avenir pour planifier une activité collective. Afin d’assurer pleinement cette fonction d’intelligence collective et d’en garantir l’accomplissement avec efficacité, ils doivent être également portés par un langage et mis en forme puis organisés par une grammaire. Le document qui véhicule des mots, donc de l’information, à la fois dans le temps (mémoire) et dans l’espace (média), est l’élément clé de la mémoire commune dont l’organisation est indispensable au fonctionnement d’une intelligence collective. C’est donc tout naturellement sur l’organisation d’un langage documentaire partagé par tous, que repose nécessairement toute méthode de travail en commun.

    Du fait objectif qu’elle recueille au savoir subjectif qu’elle délivre, l’information de documentation, comme l’intelligence ou le renseignement, met en effet en scène, dans le grand théâtre de la vie dressé sur les tréteaux du langage, une pièce dédiée à la prise de décision dans l’action, dont le scénario s’organise autour de la connaissance objective. L’information, vedette incontestée de l’intrigue, y est entourée d’une pléiade d’acteurs vedettes nommés, donnée, connaissance, savoir, pensée, mémoire, raisonnement, communication, document pour ne citer que les principaux, tous revêtus de costumes taillés dans le vrai et le faux de la réalité, la vérité ou le mensonge. Les mots qu’elle met en scène parviennent souvent à tordre la réalité, car ils ne relèvent pas du calcul numérique qui est sans équivoque, mais de la pensée analogique friande de métaphores. Ils sont par nature ambigus, et méritent ainsi d’être définis avec précision avant tout usage scientifique, comme ils le sont en mathématiques avant toute proposition ou énoncé de théorème.

    C’est là tout l’objet de ce petit glossaire insolite qui se voudrait utile aux Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) et à leur implication dans le développement des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), pour promouvoir une approche originale de ce champ d’étude interdisciplinaire qu’il est convenu d’appeler "humanités numériques". Il faut selon moi concevoir ces "humanités", non pas comme l’étude par les sciences humaines de l’impact des technologies numériques sur leurs divers champs disciplinaires, ni encore moins comme l'application des savoir-faire des technologies de l'information aux sciences humaines et sociales, mais à l’inverse, comme l’application des développements théoriques des sciences de l’information, aux avancées technologiques utiles à la pratique d’une intelligence collective. Les sciences de l’information et de la communication sont au cœur de ces "humanités numériques". Elles peuvent et doivent, en effet, contribuer à l’avènement de cette nouvelle société de l’information fondée sur l’instauration d’un véritable dialogue démocratique.

    Guidé par la raison, et ce sens commun éminemment politique focalisé sur l’intérêt général, un tel dialogue réellement démocratique est possible grâce à l’adoption d’un langage commun dédié à l’organisation d’un espace d’information documentaire à vocation universelle.

(retour à l'introduction)                 

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