dimanche 1 janvier 2023

Information scientifique et intelligence collective (T1)

Un langage documentaire universel, pour une approche scientifique du sens de l’État guidée par une conscience politique partagée, au service de l’intérêt général

La série d’articles qui suit, se situe dans la droite ligne de mes travaux de recherche sur la conception d'un langage documentaire universel destiné à répondre à un besoin de maîtrise d’une information pléthorique de plus en plus criant. Elle a pour ambition de proposer aux promoteurs d’une intelligence collective à usage politique, stratégique, économique ou social, une base de réflexion utile à la mise en œuvre de véritables systèmes d’ information adaptés à l’organisation d’une documentation surabondante. La pratique d’un tel langage à vocation universelle, qui peut être d’un usage aussi simple que celui de nos langues naturelles, permettrait en particulier une approche scientifique du sens de l’État guidée par une conscience politique partagée, au service de l'intérêt général général.

« À titre d'hypothèse, on peut poser », qu'un tel « langage documentaire, rationnel et normalisé à l'échelle internationale », « devra au moins autant s'inspirer des procédés d'expression des langues naturelles », « que des systèmes de classification ou de codification établis par le passé »[1]. Même sous la forme électronique qu’il revêt désormais à l’heure des réseaux numériques, le document demeure l’interface incontournable entre la donnée, soit une information numérique ou de nature à être numérisée, et la connaissance ou le savoir, soit une information accessible à la pensée humaine exprimée par la langue sous forme d’idées qui sont par essence analogiques. Pour concevoir une véritable intelligence collective, il faut organiser la collecte et la transformation des données en connaissances puis en savoirs, de manière à faciliter la compréhension des faits en les acheminant dans des canaux dessinés par une intention commune qui, seule, peut donner du sens à l’action collective.

La documentation demeure ainsi le seul réceptacle de la collecte des données apte à assurer l’interface avec la pensée humaine. Dès lors, il semble indispensable que l’innovation en sciences de l’information puisse s’intéresser autant, sinon plus, à l’homme et à sa pensée, qu’aux machines et à leurs algorithmes, en partant du sens et de sa mise « en forme » (information) dans une mémoire documentaire partagée.

Cette idée d’organisation commune de la collecte des données en assurant l’interface avec une pensée collégiale , grâce à une documentation intelligemment structurée peut sembler, selon les cas, banale ou à l’inverse trop ambitieuse. Si elle répond néanmoins à un besoin avéré que la technologie ne parvient pas à satisfaire, elle peut être en tout cas considérée comme profondément innovante, et doit être à ce titre approfondie avec rigueur et persévérance, en commençant par les mots sans lesquels aucune pensée ne peut être conçue individuellement comme collectivement.



[1] Éric de Grolier, Étude sur les catégories générales applicables aux classifications et codifications documentaires, Documentation et terminologie scientifique, Paris, UNESCO, 1962.

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