mardi 17 janvier 2023

de la PENSÉE (T17)

La pensée, c’est un travail de lecture de la réalité pour mieux interagir avec elle. C’est le travail de l’intellect qui, appuyé sur la raison, permet à l’intelligence de s’exprimer. C’est ce processus cognitif qui prolonge l’intuition dans la mémoire, en s’appuyant sur la  raison entendue dans son sens le plus large, celui du logos grec, la parole ou le discours. C’est ainsi un processus analogique à l’œuvre dans le travail conceptuel de la  mémoire (intelligence conceptuelle) qui complète le processus numérique à l’œuvre dans son travail d’intelligence procédurale. Elle ne permet pas de rendre entièrement compte du réel, mais elle nous donne prise sur lui, comme une peau qui, l’enveloppant, nous permettrait de nous en saisir ou tout au moins d’en saisir les contours ou la forme (l’idée) pour augmenter nos capacités d’interactions avec lui. Elle permet de « ramener la complexité du visible à de l'invisible simple »[1].

« Notre pensée est essentiellement pratique, orientée vers l’action », nous explique en effet Michel Volle. Chaque objet est acquis par nos sens au travers de la « situation qui nous met en relation avec lui » et de « l’intention » qui nous anime à son égard. « En regard de la complexité illimitée de l’objet, cette pensée est simple » [2]. Situation et intention sont ainsi les deux entrées d’une « grille conceptuelle »[3] à partir de laquelle s’enclenche un processus cognitif dans notre  mémoire pour mettre « en-forme » (information) une représentation de cet objet, qui soit utile à l’action et qui aille dans le sens de notre intention (l’action souhaitée). Cette représentation est une information qu’une première intelligence dite procédurale prend tout d’abord en charge avec réactivité dans notre inconscient, puis qu’une deuxième forme d’intelligence dite conceptuelle peut transformer après réflexion en pensée consciente.

Dès lors que l’action se veut réfléchie ou collective, les données saisies doivent être mises « en-forme » afin de pouvoir s’échanger numériquement, et nourrir ainsi une pensée analogique permettant le partage des connaissances, puis la transmission ou la diffusion des savoirs. En un mot, l’information, quel que soit le degré ou la nature de sa mise « en-forme » dans la  mémoire (donnéeconnaissance ou savoir) qu’elle soit numérique (calcul) ou analogique (pensée), doit pouvoir être mise en « commun » (communication) afin de permettre à l’intelligence de s’exprimer.

 
Information scientifique et intelligence collective : un langage documentaire universel, pour une approche scientifique du sens de l’État guidée par une conscience politique partagée, au service de l’intérêt général. (Terminologie 13)

[1] Jean-Yves Pollock, À la recherche de la grammaire universelle, Entretien, Propos recueillis par Nicolas Journet, Sciences Humaines, Hors-série (ancienne formule) N° 27 - Décembre 1999/Janvier 2000.

[2] Michel Volle, op. cit..

[3] Voir à ce sujet « Le concept de grille conceptuelle » in Francis Beau, 2019, op. cit., pp. 273 et suivantes (§ 3).


 

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