mardi 24 janvier 2023

du POUVOIR (T24.2)

Dans la terminologie politique, la notion de pouvoir est le plus souvent exprimée par un suffixe emprunté du grec kratos, « pouvoir, puissance », dérivé de kratein, « exercer le pouvoir », « maîtriser », que l’on retrouve dans « démocratie ». 

Mais, l’idée de pouvoir est aussi parfois exprimée par le suffixe arkhós, « dirigeant, chef, souverain », parfois traduit par « celui qui gouverne », « celui qui commande », qui détient l’autorité, dérivé de arkhein, « commander », que l’on retrouve quant à lui, dans « monarchie ». Selon le dictionnaire grec - français d’Anatole Bailly, le mot arkhê est polysémique en grec ancien. Il désigne tout à la fois le commencement, c'est-à-dire l'origine ou la cause, mais aussi la personne ou la chose qui commence, le chef, le premier d'une série. On retrouve ces nuances dans l’étymologie de « monarchie » (un seul chef), « anarchie » (absence de chef), « oligarchie » (un petit nombre de chefs), mais aussi de « archange » (premier messager) ou de « hiérarchie » (ordre de primauté à caractère sacré).

Le pouvoir, c’est donc à la fois une affaire de puissance ou de force, mais aussi une affaire de commandement, de primauté ou de chef. C’est « du présent tout entier tourné vers l’avenir », nous dit Comte-Sponville, qui distingue « le pouvoir de, qu’on appellerait mieux puissance », (potentia, en latin) ou potentialité d’agir, et « le pouvoir au sens strict », (potestas, en latin) ou « pouvoir sur », qui est une forme de la puissance, mais plus spécifiquement, « le pouvoir de commander et de se faire obéir ». Le pouvoir, au sens strict, porte donc sur « la volonté » des autres.

D’où un lien fort entre pouvoir et autorité, qui permet de préciser le concept. C’est en effet une forme particulière de la puissance, mais encadrée par le droit. Exercer le pouvoir, c’est exercer certes, une domination, mais celle-ci doit être reconnue comme légitime[1]  par ceux sur lesquels elle s’exerce, qui acceptent le devoir de s’y soumettre. Le pouvoir, c’est le droit de commander pour celui qui l’exerce, associé au devoir volontairement consenti d’obéir pour ceux sur lequel il s’exerce.



[1]     Juste, équitable, fondée en droit ou sur la raison.

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