vendredi 27 janvier 2023

du SENS DE L’ÉTAT (T27)

Pour aborder ce sens de l’État, il est nécessaire de revenir à la notion d’intuition définie précédemment. Dans le cadre collectif qui va nous intéresser, c’est elle qui conditionne en effet l’élaboration d’une pensée collégiale ou collective, à partir de ce sens commun qui peut dès lors s’assimiler à une intuition collective, et dont nous commençons à entrevoir le caractère politique. À l’échelle individuelle, nous avons assimilé le sens commun à l’intuition qui, formant le jugement et précédant la pensée, peut donner ce supplément d’âme éthique à la conduite de nos actions. À l’échelle collective, le sens de l’État c’est bien le sens qu’il convient de donner à cette mise « en-forme » reliant, dans le concept d’information, la dimension collective et objective des données de masse à la condition individuelle et subjective du savoir universel, pour la satisfaction de l’intérêt général. C’est ce sens de l’État, qui peut apporter un supplément d’âme éthique au gouvernement des peuples et à la Politique avec un grand « P ».

Le « sens commun » dont on a vu qu’il se rapportait autant à l'unité du sujet sensitif qu'à la communauté de l'objet perçu, mérite dès lors de s’identifier à un véritable « sens de l’État ». Il s’inscrit en effet « dans ce rapport entre unité et nombre, cadre incontournable de cette alliance si précieuse pour la démocratie entre responsabilité individuelle et confiance collective qui conditionne l’autorité de l’État et la souveraineté du peuple, comme également la solidarité nationale, mais aussi, la mise en forme des savoirs communs »[1] ou la documentation scientifique. « Il découle ainsi d’une organisation rigoureuse de la relation délicate entre actions individuelles et jeu collectif »[2]. C’est en effet dans cette « relation de cause à effet » « entre sujet et objet » ou entre « individu et collectif », que « les grandes fonctions républicaines » de « souveraineté populaire », « d’autorité de l’État » et de « solidarité nationale » expriment le sens de l’État appliqué à leurs champs respectifs, « démocratique », « éthique » ou « politique », et « sociologique ». Cette relation se concrétise dans le rapport entre les « conditions individuelles » faisant du simple sujet un véritable citoyen (liberté, responsabilité et identité), et les « dimensions collectives » des objets politiques respectifs (« sécurité », « confiance » et « égalité »)[3] sur lesquels il exerce sa citoyenneté.

C’est aussi dans cette relation de cause à effet entre sujet individuel et objet collectif, à l’œuvre dans la relation entre savoir universel et données de masse, que la fonction d’intelligence collective de la documentation scientifique peut exprimer le sens de l’État appliqué au champ disciplinaire de l’infocom. L’objectif majeur de cette discipline pourrait être ainsi d’offrir à la « Politique » ce « langage de raison pratiqué par tous », qui donnerait un sens commun à la « phrase politique », sur le modèle de la relation de cause à effet qui donne son sens à la phrase grammaticale, « en lui indiquant une cause dont Thomas d’Aquin, à la suite d’Aristote, nous a rappelé qu’elle était au cœur du travail de la raison dans la construction du savoir »[4].

La distinction rigoureuse entre sujet individuel unique et objet collectif commun, se révèle capitale en la matière. Ne pas distinguer le sujet de l’objet, c’est pervertir l’action en brouillant le sens de la phrase commandée par le verbe. En politique, c’est donc nuire à ce sens de l’État en faussant l’action dont les effets doivent être reliés à cette « Cause souveraine » garante de l’intérêt général, qui fait la Chose publique (respublica) ou république ».

 
Information scientifique et intelligence collective : un langage documentaire universel, pour une approche scientifique du sens de l’État guidée par une conscience politique partagée, au service de l’intérêt général. (Terminologie 2)

[1] Francis Beau, Sens commun, intuition collective et Valeurs républicaines, l’information au cœur de la relation entre collectif et individu, Cercle K2, 24/11/2021.

[2] Francis Beau, ibid..

[3] Francis Beau, "Ne pas subir" : la confusion entre sujet individuel et objet collectif, l’exemple de la crise sanitaire, Cercle K2, 21/03/2022.

[4] Francis Beau, Une nouvelle grammaire cybernétique au service de la politique, Cercle K2, 25/10/2021.


 

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