lundi 2 janvier 2023

des MOTS (T2)

 

Lorsqu’on interrogeait Confucius sur la première qualité que devait posséder un ministre, il répondait : « Bien connaître le sens des mots ».  (Maurice Druon)[1]

Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
(Nicolas Boileau)[2]

… Et les mots pour le dire arrivent aisément, nous dit le poète. J’ajouterais pour ma part : « …, à condition d’être connus avec toute la précision nécessaire à la "clarté" des "idées" (à leur fidélité aux réalités observées) et à la "pureté d’expression" d’une  pensée cohérente ».

J’aime les mots. Ce sont les images de réalités observées. Ils se souviennent des nécessités qui les ont inventées, et leur histoire dont l’étymologie rend en partie compte leur donne une profondeur et un poids auxquels nous ne prêtons pas toujours l’attention nécessaire. L'étymologie parfois nous aide à rencontrer ces réalités auxquelles les mots doivent s’identifier avec précision. « Étymologie », par exemple, nous vient du grec etumon (élément authentique d'un mot), lui-même dérivé de etumos (vrai). Littéralement, l'étymologie est la recherche du sens authentique des mots. Cette recherche est souvent riche d’enseignements. Partant de ce que nous dit le dictionnaire, on peut ainsi rechercher le sens juste des mots en s’appuyant sur leur histoire. Dans les dictionnaires, ce sont, comme des amers portés sur les cartes marines, des repères qui permettent de naviguer sur l’océan des idées. Comme eux, ils doivent s'identifier avec précision aux objets conceptuels qu'ils désignent sur les rivages de l'esprit. Sans la discipline de cet exercice d'identification rigoureux, nul ne peut espérer arriver à bon port et atteindre les lumières de la connaissance en évitant les écueils, dangers et autres sirènes dont sont pavées toutes les aventures de la pensée humaine. Parmi celles-ci, l’aventure de l'intelligence collective dans notre société de l’information hypermédiatisée, mérite toute notre attention, afin d’identifier avec précision quelques mots utiles à son succès dans la cité.

Compte tenu en effet de l’immense complexité des concepts attachés au couple information- communication dans ce « tressage inextricable »[3] que les Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) incarnent dans toute leur diversité, ce travail sur le vocabulaire de l’infocom a été conçu comme une balade au fil des mots gravitant autour des concepts centraux d’information , de communication et de documentation. L’intention est d’en contextualiser le sens afin de permettre la conception de systèmes d’information documentaires adaptés à une pratique scientifique de l’intelligence collective dans une mémoire partagée. Le caractère éminemment politique d’une telle  mémoire qui, utilisée collégialement, peut tenir lieu de véritable conscience collective, justifie en effet pleinement que la science (informatique et sciences de l’ingénieur bien sûr, mais aussi et surtout sciences de l’information et sciences humaines), s’y investisse pleinement, dans l’esprit d’une conscience politique dûment motivée par le sens de l’État.

Pour comprendre le territoire, il faut dessiner des cartes justes et pertinentes. En assimilant le territoire à un champ scientifique ou culturel, et la carte à un système de pensée, on peut dessiner une carte juste et pertinente de cet espace d’infocom étudié par les SIC, permettant de naviguer dans le dédale des systèmes d’information en s’appuyant sur des concepts dûment identifiés grâce aux mots qui les portent.

C’est donc une sorte de glossaire insolite dont il s’agit ici de dessiner les premiers traits, conçus et présentés au fil du discours plutôt que dans un ordre alphabétique plus conventionnel, qui peut être néanmoins consulté à partir de l’onglet « Terminologie » de ce blog.

 
Information scientifique et intelligence collective : un langage documentaire universel, pour une approche scientifique du sens de l’État guidée par une conscience politique partagée, au service de l’intérêt général. (Terminologie 2)

[1] Discours sur l’état de la langue, Académie française, séance publique annuelle, 02/12/1999.

[2] L’Art poétique, 1674.

[3] Sylvie Leleu-Merviel, La traque informationnelle, Volume 1. ISTE éditions, 2017.

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