Fondamentalement, l’ordinateur et l’homme sont les deux opposés les plus intégraux qui existent. L’homme est lent, peu rigoureux et très intuitif. L’ordinateur est super rapide, très rigoureux et complètement con.[1]
Intueri, en latin, c’est voir ou regarder.
L’intuition, c’est donc ce « sens interne » intégrateur « des cinq sens externes » qui précède la pensée et forme le jugement. C’est aussi ce sens que l’intelligence donne à l’action. C’est la condition de toute pensée chez Descartes, de toute connaissance chez Kant, ou l’expression d’une énergie spirituelle chez Bergson, permettant d’accéder à la connaissance.
Dans un cadre collectif, le calcul ou les algorithmes augmentent nos capacités de recherche, de comparaison, d’organisation et de restitution des données ou de représentation, c’est-à-dire les perceptions directes ou sensations de l’objet commun. Mais l’intuition collective, qui intègre ces sensations communes, va au-delà de cette restitution de données. Saisissant une réalité sensible, c’est une observation (theôría) déclenchée par un besoin de sens qui est commun.
À l’échelle collective, l’intuition procède de ce sens commun initiant l’intelligence et la mise « en-forme » (information) d’une pensée réfléchie, analogique ou conceptuelle, en intégrant les perceptions directes qui sont des données dont le traitement peut être, quant à lui, confié à des algorithmes.
[1] Gérard Berry, Grand entretien, par Xavier de La Porte, Rue89, 26 août 2016.
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