lundi 16 janvier 2023

de l’INFORMATION (T16)

Que le prisme d’observation soit celui des data, de la connaissance, du savoir, de la communication ou encore de la stratégie, de la politique, voire de l’éthique, l’acception du terme « information » semble comporter bien trop de facettes différentes selon l’angle sous lequel on l’aborde. Il en résulte qu’une véritable approche scientifique de ce « concept-caméléon » [1], à la fois commune aux sciences de l’ingénieur et aux sciences humaines, ne parvient pas toujours à déboucher sur des théories dûment identifiées, universellement reconnues et proprement applicables dans la pratique.

L’information, c’est donc bien un processus de mise « en-forme » d’un ensemble de données recueillies à partir de l’observation des faits, qui permet de se former une idée ou une perception de la réalité pour interférer avec elle et éclairer la décision dans l’action. En français, contrairement à l’anglais qui ne distingue guère le savoir de la connaissance, les données se transforment, d’abord en  connaissance tacite, objet d’un processus cognitif (en anglais scientifique : cognition) inconscient et produit de l’intelligence procédurale, puis éventuellement en  connaissance explicite, produit de la fonction cognitive (en anglais scientifique : cognizance) consciente ou de l’intelligence conceptuelle. La  connaissance tacite se transforme ensuite en savoir-faire (en anglais : know-how) chez le sujet dont la mémoire accueille le processus, tandis que la connaissance explicite se transforme quant à elle en savoir (en anglais : knowledge, la plupart du temps indifféremment traduit en français par "connaissance" ou "savoir") dès lors que le sujet en question engage son libre arbitre, donc sa responsabilité en tant que sujet agissant, en se l’appropriant.

Toute numérique qu’elle soit devenue, l’information, ce « macro-concept multidimensionnel »[2] dont nous commençons à entrevoir les contours, n’en demeure pas moins, on le voit, une affaire bien trop sérieuse pour être confiée aux seuls algorithmes, au calcul ou à l’informatique qui les programme. C’est en effet dans la mémoire, cette précieuse usine dédiée à la fabrique de sens, que l’information se construit en toute intelligence.

L’information est accueillie dans la mémoire sous forme de données recueillies par nos sens et sélectionnées puis retenues de manière d’abord inconsciente mais ensuite consciente, par une intelligence procédurale mais aussi conceptuelle engendrant une pensée consciente.

Information scientifique et intelligence collective : un langage documentaire universel, pour une approche scientifique du sens de l’État guidée par une conscience politique partagée, au service de l’intérêt général. (Terminologie 13)


[1] « Sommes-nous condamnés à sombrer dans la polysémie d’un concept-caméléon, changeant au gré des besoins théoriques ? » (Sylvie Leleu-Merviel et Philippe Useille, Quelques révisions du concept d’information. In F. Papy (dir.), Problématiques émergentes dans les sciences de l’information, Science Publications, Hermès, 2008, pp. 25 à 56).

[2] Edgar Morin, La complexité humaine, Flammarion, Paris, 1994.


 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire